Personne ne sait plus comment vendre au téléphone et cela crée un vide rentable pour ceux qui osent revenir au réel
- Philippe Massol
- il y a 3 jours
- 6 min de lecture
On nous explique depuis quelques années que la vente serait devenue plus fluide plus humaine plus alignée avec les valeurs de chacun. En réalité elle a disparu dans l’ombre d’un discours qui préfère séduire que convaincre. C’est une érosion progressive et méthodique de tout ce qui faisait de la vente une action concrète qui produit un résultat mesurable. Mais comment vendre ?
Les gestes de base ne sont plus exécutés et ceux qui les maîtrisaient ont arrêté de les transmettre. On assiste à une disparition complète de la compétence commerciale et cette disparition ne produit pas de chaos apparent mais un ralentissement général que plus personne ne comprend.
On ne parle plus de prospecter on parle de créer de l’engagement. On ne parle plus d’appeler on parle de nourrir la relation. On ne parle plus de closer on parle d’accompagner une décision. Le vocabulaire est devenu lisse. Les actions ont été dissoutes dans des intentions et les résultats ont disparu. L’entreprise ne vend plus elle communique. Les vendeurs ne vendent plus ils postent du contenu. Les managers ne corrigent plus ils coachent des postures. À tous les niveaux la vente est remplacée par sa version abstraite théorique décorative. Ce remplacement n’est pas neutre. Il change la manière dont les entreprises fonctionnent mais surtout il ouvre une zone vide que personne ne voit et que peu de gens osent occuper. Et pourtant ceux qui occuperont cet espace auront un avantage fort car ce qu’ils feront ne sera pas simplement utile ce sera rare.
Ceux qui continuent à exécuter les gestes classiques avec rigueur apparaissent aujourd’hui comme marginaux ou ringards parce que l’époque leur préfère des conférenciers des stratèges de la marque personnelle des producteurs de vidéos courtes. Pourtant ce sont eux qui sont les seuls à faire circuler de l’argent. Dans un monde saturé de messages creux l’action directe produit un choc. Un appel provoque une tension réelle. Une relance crée une dynamique. Une objection traitée en temps réel produit plus d’effet que dix mails bien tournés. Le retour au réel n’est pas une nostalgie c’est une asymétrie.
La vente n’a pas évolué elle s’est vidée de son contenu parce qu’elle a été remplacée par du commentaire
On ne vend plus on enseigne la vente. On ne pratique plus on explique. Ce déplacement n’est pas anodin il structure toute une génération de commerciaux qui n’a jamais appris à vendre autrement que par des slides ou des vidéos de formation. L’idée même de décrocher un téléphone provoque une gêne. Ce n’est pas parce que c’est obsolète mais parce que cela crée une confrontation que la plupart des vendeurs ne veulent plus vivre. L’écran protège de l’inconfort. Le téléphone l’impose. Le geste est évité parce qu’il produit une réponse directe. Et cette réponse peut être un non. Ce non est insupportable pour une époque qui préfère le feedback au refus la bienveillance à la franchise le like au silence.
Le plus étonnant dans cette transformation c’est qu’elle est portée par ceux qui étaient censés en préserver l’essence. Les formateurs les managers les responsables commerciaux ont progressivement abandonné la transmission des gestes au profit de la formalisation des postures. Ils ne montrent plus comment faire ils expliquent pourquoi il faut bien faire. Cela ne produit pas de compétence cela produit une croyance. Croire qu’on sait vendre parce qu’on a compris une méthode. Croire qu’on sait gérer un client parce qu’on sait le persona. Croire qu’on est bon parce qu’on est aligné. Mais entre la croyance et le résultat il y a un gouffre. Et ce gouffre n’est plus comblé par personne.
Ce qui remplace la vente ce n’est pas une version améliorée c’est une version décorative qui ne produit rien
L’entreprise moderne investit dans des contenus des formations des conférences des outils. Elle investit dans des concepts. Mais son pipeline reste vide. Elle consomme des discours mais n’exige plus d’actions. Elle célèbre l’intention mais ne mesure plus la performance. Elle valorise l’image du vendeur mais oublie que la vente ne repose pas sur l’image mais sur la capacité à créer un engagement puis à le transformer en décision. Ce glissement du réel vers le commentaire rend le système stable mais stérile. Les budgets se dépensent les équipes s’activent les outils tournent. Mais la vente ne progresse pas.
Cette absence de progression n’est pas vécue comme une urgence car elle est masquée par des indicateurs secondaires. On mesure l’engagement sur LinkedIn. On mesure l’ouverture des mails. On mesure les vues sur une vidéo. Ces indicateurs sont rassurants mais ils n’ont aucun lien direct avec la transaction. Ils donnent l’illusion de mouvement alors qu’il n’y a pas d’impact. Le jour où le chiffre ne suit pas on ne comprend pas pourquoi. Pourtant la raison est simple : personne n’a vraiment tenté de vendre. La fonction commerciale a été rendue invisible. Et dans cette invisibilité il ne reste plus rien.
Le vide créé par cette disparition n’est pas temporaire il est structurel et c’est ce qui le rend stratégique
Entre les discours inspirants et l’exécution automatisée il n’y a plus d’acteurs. Le commercial opérationnel compétent incarné a disparu. Les entreprises doivent choisir entre des offres théoriques et des services industriels. D’un côté un discours séduisant mais sans effet de l’autre une exécution robotique sans nuance. Entre les deux : rien. Personne ne prend en charge l’ensemble du cycle. Personne ne pense la stratégie tout en pilotant l’action tout en encadrant les gestes. Ce n’est pas une crise. C’est une dislocation du métier.
Dans un marché disloqué celui qui reconstitue une chaîne gagne immédiatement. Ce n’est pas une promesse. C’est un fait. Les entreprises cherchent désespérément quelqu’un capable de penser un plan de contact, de l’exécuter, de corriger les écarts, de relancer, de s’adapter et de produire un résultat. Celui qui sait faire cela ne court aucun risque d’obsolescence. Il est au contraire indispensable. Ce qui a disparu crée un vide. Ce vide a une valeur économique.
Le retour au réel ne se vend pas comme une innovation mais il crée une différence immédiate
Ce retour n’a rien de spectaculaire. Il repose sur trois piliers simples : la rigueur dans les gestes la supervision active et l’utilisation assumée du téléphone. Pas de hack. Pas de technique secrète. Pas d’outil magique. Juste un enchaînement précis . Un suivi systématique. Un management qui corrige. Une présence réelle au contact du client.
Celui qui encadre vraiment ne se contente pas de suivre un chiffre il observe un appel il reformule un message il corrige une phrase. Ce n’est pas du micro-management c’est du métier. Et cette forme d’encadrement redonne du sens au travail du vendeur. Il comprend pourquoi il agit il voit les effets de ses décisions il monte en compétence. Cela recrée de la motivation. Pas celle qu’on obtient avec des discours mais celle qui naît de la progression réelle.
Le téléphone redevient l’arme principale non parce qu’il est vintage mais parce qu’il est sans filtre. Il révèle l’état réel de la relation commerciale. Il impose la clarté. Il ne tolère ni les imprécisions ni les hésitations. Il oblige à écouter à reformuler à argumenter. C’est un outil d’exigence. Ceux qui le maîtrisent aujourd’hui prennent un avantage fort sur les autres.
Le scepticisme ambiant n’est pas un obstacle c’est une opportunité pour ceux qui savent encore agir
Quand tout le monde doute de la vente c’est que plus personne ne sait comment faire. Dans ce contexte celui qui agit devient immédiatement visible. Il se distingue non pas par son discours mais par sa capacité à provoquer un changement réel. Il ne fait pas semblant il fait. Ce scepticisme est un indicateur de rareté. Il signale que le marché est vide. Et cette vacance devient une rente pour celui qui la comble.
Le doute est la preuve que personne ne sait plus comment avancer. Ce n’est pas un frein. C’est un appel d’air. Et la réponse n’est pas dans un nouveau modèle. Elle est dans l’exécution de l’ancien modèle avec une exigence nouvelle. C’est une reconquête. Pas une invention.
Ceux qui reprendront les gestes fondamentaux de la vente ne seront pas vus comme des rétrogrades mais comme des restaurateurs du réel
Ils ne seront pas célébrés pour leur créativité mais recherchés pour leur capacité à délivrer un résultat. Ils apporteront des rendez-vous.Ils convertiront des intentions en décisions.
Ce n’est pas un retour en arrière. C’est un retour au métier. La compétence n’a pas disparu. Elle s’est dispersée. Ceux qui la rassemblent redeviendront centraux.
Et dans un monde qui doute la seule chose qui compte c’est d’agir sans attendre que le doute disparaisse.
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